jeudi 9 mai 2013

Fable : le pêcheur, le dauphin, la truite, les "gobis"...

Un pêcheur, maire de son état sentant et s'entendant sa fin prochaine s'interrogeait sur son bilan, sur sa descendance....

De sa jeunesse il se rappelait se surprendre à rêver de baleines, de pêche au gros, de thons, d'espadons, de bonites...il se voyait tel le tartarin faire la une et les podiums, affichant ses trophées, paradant ses succès, le sourire satisfait...

De sa jeunesse, il se rappelait aussi la constante et frénétique passion qu'il avait à fréquenter la seule boutique de son quartier à la devanture rose flamboyante, son fournisseur d'asticots exclusif...prodigieusement appelée "chez PS" et  il pensait alors PS = pêche spectaculaire.

Il l'adorait sa boutique, la chérissait et au détour des ses achalandages passait un temps infini à
- découvrir et manipuler telle canne spécialisée pour ferrer du plus gros au plus petit
- telle mouche pour berner les plus vieux et les crédules
- tel appât pour gruger les plus sceptiques, tel autre leurre à utiliser en "toutes circonstances"

Il se délectait également d'ouvrages spécialisés, écrits d'une seule et même idée, d'un seul et même auteur le rendant spécialiste que dis je expert ou aveugle d'une seule et même obsession "mystifier tous les poissons". Parfois même il se rêvait à penser, investi d'une mission quasi divine ou mystique, de devoir se lancer dans une croisade de sauveur de l'humanité, du bien et de l'intérêt public grâce à ses pêches nourricières

Mais la vie est bien, cruelle et de grandes pêches il n'y eut point.
Les hasards de l'existence l'amenèrent à échouer dans une contrée sans rivière, ni lac, loin de la mer avec pour spécialité locale la mourguette....
Contre mauvaise fortune, il ne cédât point s'enquit d'une autre espèce à pêcher, mais celle là sans écaille.
Il n'avait pas appris l'art du leurre pour ne pas s'en servir.
De ses lectures de la bibliothèque rose, il ne retint que quelques mots...mais jamais les chiffres, quelques dogmes...mais jamais la contradiction.

Durant quasi deux décennies, il dépensa sans compter, construisit frénétiquement ici, la bas, en haut, en bas, à plat... chaque jour inlassablement il répétait les mêmes erreurs mais qu'importe, sourd à la grogne qui montait, il n'entendait ni l'orage, ni la foule courroucée...
...et avec le temps, la mourguette disparut
...puis un orage violent précédé d'un tonnerre assourdissant lui déboucha les "esgourdes".

Il comprit que c'était la fin, il entendait désormais cette foule qu'il lui croyait acquise...s'insurger des rues en impasse qu'il avait tant multipliées, si peu éclairées, aux trottoirs absents ou délabrés, du stationnement impossible, de la mort et de l'absence cruelle de commerces, d'équipements.
Il entendit gronder la foule de ses lotissements et constructions toujours plus entassées, nombreuses et incohérentes qu'il avait "laissé faire",.
Il entendit, gronder la foule d'autant d'impôts payés...
Il entendit, gronder la foule de ses animations culturelles moyen ageuses décalées...
Il entendit, gronder la foule des ses projets incongrus avec telle glacière au coût pharaonique, tel groupe scolaire au budget explosé avec son chauffage défaillant, tel parking réservoir destiné à drainer les eaux pluviales et situé sur les hauteurs...tel projet de collège tantôt prés du groupe scolaire, puis prés du canal, puis sur la colline...telle maison de retraite qui parce qu'elle ne viendra jamais au final n'en sera plus une et privera les enfants de leur équipement sportif déporté loin, plus loin...de tel nouveau règlement d'urbanisme ne projetant pas le village dans un projet d'avenir mais dans le chaos et renforçant les constructions là où elles sont déjà trop nombreuses, rendant des zones au "naturel" sans que ses habitants soit associés, multipliant les COS si différents et les contraintes si ubuesques que plus personne n'y comprenait que mais....

Alors,  à l'heure de ce bilan qu'elles étaient loin ses illusions de jeunesse...
Dans un sursaut, il se mit donc en quête de lèguer ce lourd fardeau, ce bilan impossible à assumer...
Dans un sursaut il se remémora les préceptes que lui avait enseigné la lecture de sa bibliothèque rose "chez PS" et tel tartarin revigoré, nettoyât sa plus belle canne, fît briller et reluire sa plus fine mouche, monta son esche le plus subtil, un ver "américain" ....et miracle ....

La pêche fut miraculeuse...UN DAUPHIN...une espèce rare.
Sourire radieux, il le présenta à la foule, il fit la une des journaux... présentait à qui voulait bien l'entendre son poisson. Il devait être le chef de ban, celui qui devrait en attirer d'autres pour emplir sa banaste.
PATATRA...mauvaise pêche, le mammifère paraissait si emprunté que ses congénères le fuyait...
Mauvaise pêche. Le poisson fut congelé.
N'en déplaise, il ne saurait se décourager, têtu et obstiné....et tel tartarin de nouveau  revigoré, nettoyât de nouveau sa plus belle canne, fît briller et reluire une mouche spéciale  et  monta cette fois un ver d'eau douce...
Plutôt que la grande bleu, le gérant de la boutique "PS" lui conseilla de viser la truite.

C'est ici que la fable se gâte...ce qu'il ne savait pas c'est que
-  "PS" ne voulait pas dire pêche spectaculaire
- que le siège social de cette société de Parisiens situé rue de solférino, désabuse tous ses clients...
- que la boutique marseillaise locale est empétrée dans des imbroglios juridicos, megalos vomitifiants....
- que les poissons qu'elle vous envoie ont de l'apparence, mais ne sont que de simples "gobis", truffés d'arrêtes, de ces poissons indigestes dont l'ingurgitation laisse sur les entrailles de ceux qui les consomment des blessures fiscales, économiques, sociétales... terribles.

Alors, cher pêcheur "méfi" il ne faudrait pas que la truite que le patron de la boutique Marseillaise essaye de vous  fourguer soit
- d'origine vauclusienne et ait ses intérêts si loin du village
- n'ai jamais cherché à s'y installer, ni même comprendre son fonctionnement
- ne doive se déplacer entre la rue carnot et les pinèdes qu'avec un GPS.
- n'assiste à aucune manifestation, ni ne consomme lançonnais...parce qu'elle n'y vit pas...
- ne sache pas compter au point d'avoir porté à prés de 5 millions d'euros en 5 ans soit multiplié par 2 les dépenses de personnel de la commune mettant le porte monnaie des lançonnais a sec...
- n'ai d'intérêt que dans le compléments indemnitaire que lui procure ses fonctions...

 Un pêcheur, maire de son état sentant et s'entendant sa fin prochaine s'interrogeait sur son bilan, sur sa descendance...pourvu qu'il entende ...